Comment la pénurie de containers en Chine peut faire augmenter certains prix en Belgique

Les coûts du transport par bateau depuis la Chine vers l’Europe sont entraînés dans une spirale infernale. Multipliés par quatre depuis la fin de l’année, parfois plus.
En cause, un manque de containers qui va jusqu’à perturber le commerce international.

La ruée à l’œuvre sur les conteneurs disponibles pour le transport maritime a des conséquences directes : prix qui s’envolent, pénuries de certains biens, ou délais de livraisons qui s’allongent. Électroménagers, vélos, fruits secs, jouets… Ces biens importés depuis l’Asie, depuis la Chine en particulier, ne sont que quelques exemples des produits concernés – qui incluent aussi des composants et des bien intermédiaires.

Les revendeurs savent

Et si la plupart des consommateurs n’ont pas encore constaté cette augmentation les revendeurs, eux sont déjà au courant.  » Concrètement, cela fait quelques jours que mes différents fournisseurs me contactent pour me prévenir que le prix des conteneurs venant de Chine augmente très, très fortement, et qu’ils vont donc forcément devoir répercuter cette augmentation sur les prix d’achat des articles « , explique Anne-Françoise Hermann, la gérante du magasin de jouets Cornebidouille, à Sombreffe.

De +5 à +30% du prix de certains produits

 » Nous, revendeurs, savons qu’on va bientôt acheter notre marchandise plus cher, et qu’on va forcément devoir la revendre plus cher. «  Difficile de savoir à partir de quand exactement, ou dans quelle proportion ces prix vont, in fine, augmenter en magasin.

La Chine est en train de rapatrier ses conteneurs vides de partout dans le monde pour espérer en retrouver suffisamment pour relancer le transport maritime.

Une note de la banque Belfius mentionne une augmentation de 5 à 30% du prix de certains produits importés depuis la Chine. Et un effet sur l’inflation des prix à la consommation d’environ 0,3%, parce que les produits touchés « par les importations plus chères ne constituent qu’une petite partie de nos achats » en Belgique, estime la note.

Pourquoi la pénurie ?

Reste que le transport maritime n’a rien de nouveau. Comment se fait-il qu’une telle tension se fasse sentir aujourd’hui ? Le commerce mondial a déjà retrouvé en novembre dernier, son niveau d’avant la crise du Covid. Mais souvenez-vous de la première moitié de 2020 : après l’irruption de la pandémie, les usines sont nombreuses à fermer en Chine.

Et ensuite, la demande européenne et américaine s’effondre. Le transport maritime chute brutalement, et « Les conteneurs sont restés sur place et ne sont donc pas aux endroits où les envois de marchandises sont en train de reprendre », analyse Didier Paquot, économiste à l’Institut Jules Destrée.

Goulot d’étranglement

 » La Chine est en train de rapatrier ses conteneurs vides de partout dans le monde pour espérer en retrouver suffisamment pour relancer le transport maritime. Il y a donc simplement un jeu d’offre et de demande : la demande de conteneurs est plus importante que l’offre disponible aux endroits où on en aura besoin et, dès lors, les prix augmentent. «  La pénurie de conteneurs n’est donc pas un manque de conteneurs existants, c’est leur localisation au mauvais endroit, au mauvais moment, qui cause un goulot d’étranglement dans le commerce, dans la chaîne logistique du transport.

Couac du commerce international ?

Est-ce qu’on peut dès lors parler d’un couac du commerce international ? Pas pour Didier Paquot, en tout cas. L’économiste estime que dans ce cas-ci, justement, l’augmentation des prix reflète la réalité des difficultés du marché, « un signal a été envoyé au marché « . Mais ce n’est pas toujours le cas, loin s’en faut, selon Didier Paquot.  » Les couacs du commerce extérieur, c’est quand les prix ne reflètent pas la réalité des coûts.

Les vraies défaillances du commerce mondial

 » Par exemple, le prix de la pollution ou le coût social de la production de certains biens ne sont pas reflétés. C’est ça les vraies défaillances de marché du commerce mondial. C’est une réalité depuis des années, mais qui s’accroît évidemment au fur et à mesure que le commerce mondial s’accroît, et s’accroît au fur et à mesure que ces problèmes deviennent de plus en plus épineux pour la planète. Si les entreprises européennes font des efforts pour réduire leur pollution, mais si des biens chinois envahissent le marché européen avec des biens produits avec beaucoup de pollution, ça handicape les entreprises européennes. « 

Taxe environnementale

D’où l’idée qui circule en Europe, d’une taxe environnementale à l’entrée du marché européen. Une idée difficile à mettre en œuvre, puisqu’elle impliquerait un calcul, une mesure des pollutions générées par des modes de production. Une mesure qui entraînerait une augmentation des prix – en tout cas pour les biens importés depuis la Chine, sans doute beaucoup plus marquée, que ce qui va être constaté ici, à cause d’une pénurie de conteneurs.

Freiner le commerce mondial

Mais « il y a quelque chose à faire », estime Didier Paquot : « Peut-être freiner un moment le commerce mondial. Avant de baisser encore un peu plus les taxes à l’importation, autant réfléchir à la meilleure manière d’intégrer ces composantes sociales et environnementales dans les prix ».

Source RTBF

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